vendredi 2 octobre 2015

Sécurité routière : drones, vrais et faux radars pour enrayer la hausse de la mortalité

Sécurité routière : drones, vrais et faux radars pour enrayer la hausse de la mortalité

La mortalité routière pourrait encore augmenter en 2015
Sur les 8 premiers mois de 2015, la mortalité routière a déjà fait 2 253 victimes – davantage que sur la même période en 2014 (2 154).
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Morts sur les routes: 13 577
Le gouvernement va intensifier l’utilisation des radars sur les routes pour tenter d’enrayer la hausse de la mortalité. C’est l’une des principales mesures annoncées à l’issue du comité interministériel de la sécurité routière (CISR) convoqué vendredi 2 octobre, pour la première fois depuis 2011. C’est dans l’urgence, cet été, que Manuel Valls avait pris la décision d’organiser cette réunion, à la veille de la diffusion de chiffres de mortalité catastrophiques pour juillet : 360 morts, soit une hausse de 19,2 % par rapport à 2014.
L’exécutif a multiplié les revers en matière de sécurité routière depuis le 31 juillet, date à laquelle la garde des sceaux a présenté en conseil des ministres un projet de loi qui entendait faire de la conduite sans permis une simple contravention et non plus un délit. Face au déluge de protestations, contre ce qui a été interprété comme un signe de laxisme, Christiane Taubira a dû renoncer.
Le Journal du dimanche a profité de ce faux pas pour épingler, le 9 août, l’« absence de pilotage » de la politique de sécurité routière, vivement dénoncée depuis 2014 par l’Inspection générale de l’administration. La présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, a alors pu rappeler sur les ondes que la courbe de la mortalité routière était repartie à la hausse, en 2014, pour la première fois depuis douze ans, avec 3 384 tués, soit 3,5 % de plus qu’en 2013.
Mme Perrichon a fustigé « le manque de courage politique » du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a refusé de généraliser la baisse de la vitesse, de 90 à 80 km/heure, sur les routes à double sens dépourvues de séparateur médian. Elle a rappelé que cette mesure, recommandée par le Conseil national de la sécurité routière, instance consultative, permettrait de sauver quelque 400 vies par an.

Une meilleure utilisation des radars

M. Cazeneuve l’avait promis cet été : le CISR ne s’est pas contenté pas de faire un bilan d’étape ; il a proposé de nouvelles mesures. Pas question pourtant, pour le gouvernement, de dévier de sa stratégie de simple expérimentation de la baisse de la vitesse sur quelques tronçons, surtout à l’approche de l’élection présidentielle de 2017 : beaucoup de Français s’opposent à une baisse généralisée qu’ils considéreraient comme une contrainte supplémentaire.
En revanche, le CISR a imposé un meilleur contrôle des excès de vitesse en exigeant une meilleure utilisation des radars de troisième génération. Embarqués à bord de voitures banalisées, ces appareils ne sont pas détectables par les avertisseurs de type Coyote ; chaque automobiliste peut donc craindre qu’il y en ait un derrière lui, ce qui l’incite à lever le pied. Deux cent soixante véhicules de police sont ainsi équipés.
L’annonce de leur déploiement, en 2013, avait fortement contribué à la diminution de la mortalité. Or ils ne sont utilisés que deux heures par jour environ, faute de personnel disponible chez les forces de l’ordre. Le gouvernement souhaite que, d’ici à un an, des « opérateurs agréés » puissent les faire fonctionner « sous étroit contrôle de l’Etat ».

Drones et vidéoverbalisation

Aussi, le nombre des radars fixes va augmenter – 4 700 en 2018 contre 4 200 pour l’instant –, tout comme le nombre de radars autonomes déplaçables – 205 à la fin de 2016 – et de radars-leurres dans des zones sécurisées, dont le nombre va être multiplié par quatre. Le CISR entend aussi développer la vidéoverbalisation et les radars automatisés avec envoi d’une contravention, dans le but d’étendre le nombre d’infractions pouvant être constatées sans interception en bord de route, dont le non-port du casque.
Le ministère de l’intérieur utilise parfois des hélicoptères pour surveiller les infractions commises sur les routes (non-respect des distances de sécurité, dépassements dangereux, etc.). Ces derniers étant coûteux, il souhaite leur substituer des drones. Ces engins volants signaleraient les infractions à des motards, connectés, qui verbaliseraient les conducteurs.
Le CISR souhaite également que soit expérimentée l’utilisation des systèmes de lecture automatisée des plaques d’immatriculation.

Cartographie des vitesses autorisées

Pour que les automobilistes n’aient pas le sentiment qu’on essaie de les « piéger », le gouvernement va entreprendre une cartographie des vitesses autorisées, qui, intégrée aux smartphones, permettrait de savoir à tout moment à combien on peut rouler.
Il faudra toutefois deux ans pour établir cette base de données. Par ailleurs, pour que les automobilistes qui ont conduit sous l’emprise de l’alcool puissent continuer à travailler, Matignon souhaite que la loi étende les cas où les juges maintiennent leur permis de conduire, moyennant l’installation d’un éthylotest antidémarrage. Des contrôles aléatoires de stupéfiants, par test salivaire, pourront par ailleurs être effectués par les agents de police.

Formation spécifique pour les grosses cylindrées

 



Le CISR va exiger des entreprises qu’elles révèlent l’identité des employés qui commettent des infractions à bord de véhicules de service. Actuellement, elles prétendent souvent ne pas savoir qui conduisait, pour que le salarié ne perde pas de points. Elles profitent du fait que le conducteur ne peut pas être reconnu, puisque les radars flashent souvent les voitures par l’arrière. Le gouvernement va demander que cela change, sous peine de sanction financière.
Pour mieux assurer la sécurité des motards, particulièrement touchés par la flambée de la mortalité en juillet, le port de gants homologués – qui les protègent en cas d’accidents – sera obligatoire, ainsi qu’un contrôle technique lors de la revente des engins. Le CISR veut également rendre obligatoire une formation spécifique avant de pouvoir conduire une moto de forte puissance (supérieure à 56 CV). Cette formation n’étant accessible qu’après deux ans de détention du permis moto. En ce qui concerne les enfants à vélo, ils devront porter un casque certifié jusqu’à l’âge de 12 ans.

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